A la suite d’un post Instagram précédent où je présentais 3 séries tv traitant du métier de psy, je vous propose à présent une nouvelle série et un film récent qui traitent de la dépression ainsi que d’un exercice à réaliser entre les séances et qui est décrypté dans une autre série tv. Attention spoiler alert !!
Commençons tout d’abord par mon coup de cœur du moment avec le film « The son » de Florian Zeller avec Hugh Jackman et Laura Dern sorti en France le 1er mars 2023.
Il traite de la dépression chez les adolescents qui est un sujet encore trop peu abordé au cinéma ou en littérature, de sa prise en charge (l’histoire du film se déroule à New York - elle est tirée de certains éléments de la vie de Florian Zeller) et du désarroi des parents face aux difficultés rencontrées par leur enfant. On y voit le quotidien d’un adolescent dépressif et on peut ressentir son mal être ainsi que l’incompréhension, la culpabilité et l’impuissance de ses parents.
Les interprétations sont toutes très justes, l’ambiance du film est pesante et tout en pudeur dans les échanges entre les personnages. Ce que j’ai particulièrement apprécié c’est que le scénario ne s’attarde pas sur les causes de la dépression et l’accent est mis sur la personne dépressive et son entourage. Ce film offre un regard systémique sur l’état dépressif d’un adolescent et sa famille et donc forcément ça ne pouvait que me plaire en tant que thérapeute systémique et stratégique.
La série « Désordres » diffusée sur Canal + en Octobre 2022 écrite et réalisée par Florence Foresti.
C’est une série humoristique mais pas que car l’humoriste y aborde ses épisodes dépressifs et je trouve qu’ils sont traités avec réalisme et poésie. Paradoxal ? Lisez la suite.
On la voit rester prostrée chez elle pendant des jours dans la pénombre et dans un silence oppressant et n’avoir gout à rien. Rien ni personne ne peut la sortir de son mal être, il n’y a pas forcément de cris ni de pleurs ou de grands monologues expliquant la dépression et néanmoins ça suscite notre empathie.
En plus de l’interprétation très juste, la personnification de la dépression en un homme qui lui tient compagnie et avec qui elle dialogue est très intéressante. Florence Foresti lui demande de partir à plusieurs reprises...en vain. Et puis un jour il disparait, elle reprend gout à la vie mais elle sait qu’il peut revenir. Florence Foresti expose ses fragilités et ses tourments avec humour et délicatesse.
Dans la série Apple tv « Shrinking » avec Harrisson Ford et Jason Segel disponible depuis Février 2023, Jimmy est un psychothérapeute qui a perdu récemment sa femme et tente de reprendre le cours de sa vie et d’élever leur fille adolescente Alice. Alice voit régulièrement Paul (joué par Harrison Ford) le superviseur de Jimmy et qui est donc psychothérapeute aussi pour évoquer ses difficultés liées au deuil de sa mère et ses difficultés relationnelles avec son père. Paul n’est pas le psy d’Alice car ils ne se rencontrent pas lors de séances formelles de psychothérapie mais Paul joue plutôt le rôle de confident et l’aide à identifier de nouvelles solutions ou explications aux situations auxquelles elle est confrontée. Lors d’une de leur rencontre (toujours assis sur un banc côte à côte, il l’interroge sur ses ressentis….ca me rappelle mon post sur comment parler à un ado), Paul suggère à Alice de donner rendez vous à sa tristesse et sa douleur d’avoir perdue sa maman plutôt que d’essayer de la nier ou de l’enfouir et ne plus y penser. Cette suggestion d’exercice rappelle la prescription de tâches thérapeutiques aux patients qui sont à effectuer en dehors des séances et qui sont préconisées en thérapie systémique et stratégique. Cet exercice spécifique s’appelle « la demi-heure du fantasme du pire » (ou une de ses variantes) et qui permet de consacrer un moment donné dans la journée à l’émotion principale ressentie (peur, colère, tristesse, joie). Au lieu d’être submergée par l’émotion à n’importe quel moment de la journée et/ou de la nuit, avec cet exercice, la personne reprends le contrôle en convoquant sa tristesse ou sa peur par exemple au lieu d’ être envahie à des moments inopportuns. Le second bénéfice de cet exercice est qu’en y consacrant 15 ou 30 minutes par jour, l’émotion principale n’est plus niée mais accueillie, affrontée.
En s’exerçant ainsi, on constate alors une diminution de la réaction à cette émotion principale dans les jours et semaines suivantes, dans le cas d’Alice, elle repense à sa maman avec tristesse mais cela la fait moins ou plus souffrir : elle ne pleure plus pendant des heures après y avoir pensé, elle ne s’isole plus pendant des jours, elle reprend des activités qui lui plaisaient avant (sport, sorties…). Enfin la dernière étape de cet exercice consiste à ce que la personne puisse ensuite faire cet exercice à la demande (lorsqu’il ou elle en ressent le besoin, face à une situation où il/elle pense que ça va déclencher une trop grande émotion), il s’agit alors d’une régulation émotionnelle car le but n’étant bien entendu ni de nier ni d’oublier mais bien d’apprendre à vivre avec et que cette émotion n’ait plus de conséquence négative.
Ces films et séries permettent d’éduquer et normaliser les troubles mentaux et le fait de se faire accompagner par un professionnel de la santé mentale à un moment difficile de sa vie.
N’hésitez pas à me faire part de vos commentaires ou remarques et de me contacter si vous souhaitez plus de renseignements sur la thérapie systémique et stratégique.
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