Je vous propose de démystifier ce qu’est et ce que n’est pas la thérapie de couple dans le cadre de la psychothérapie systémique de l’Ecole de Palo Alto.
Il existe pléthore d’approches théoriques et je vous présente ci-après les spécificités de la démarche que j’ai choisi d’étudier et de proposer à ma patientèle.
En guise d’avant-propos, il est important de noter que les raisons que se donne un couple pour consulter sont le plus souvent liées aux conséquences des problèmes plutôt qu’aux problèmes eux-mêmes ou à leurs causes. Il s’agit d’une circonstance extérieure, d’une phase de vie (retraite de l’un des deux conjoints, départ des enfants), d’un problème inattendu (maladie, licenciement), d’une difficulté avec un enfant ou d’une difficulté interne au couple…
Quand consulter ?
Le lieu commun affirmant que seuls les « vieux couples » consultent à cause de l’usure du couple ou de la routine est aujourd’hui dépassé.
L’initiation d’une thérapie chez des couples s’étant formé il y a 2 ou 3 ans est grandissante (cf un article détaillé sur ces demandes).
De plus la pandémie de Covid a exacerbé des dysfonctionnements existants et a précipité la démarche de demande d’aide.
Selon l’approche systémique et stratégique, le facteur déclenchant d’une thérapie est la rigidification d’une interaction relationnelle qui engendre une souffrance psychologique : où quand l’amour ne suffit plus à gommer les « petits » défauts du quotidien…
Comment se déroule les séances ?
Selon l’école de Palo Alto, il n’y a pas de protocole préétabli pour la thérapie de couple car tout dépend de ce que les partenaires et le psychothérapeute vont codécouvrir ensemble. Cependant par des méthodes reposant essentiellement sur la communication analogique, un des 5 axiomes de la communication qui a permis de modéliser la thérapie brève et stratégique, une approche structurée des problèmes de couples en 10 séances est proposée. Personnellement, je m’inspire du protocole invariable de thérapie de couple formalisé par Philippe Caillé en 1982 pour guider chaque nouvelle rencontre avec un couple. Pour plus de détails se référer à l’ouvrage « Un et un font trois – le couple d’aujourd’hui et sa thérapie » (Caillé, 2004).
Au cours de la première, voire de la deuxième séance, l’accent est mis sur l’analyse de la demande (Tilmans-Ostyn, 1987) des deux partenaires, l’investigation du problème en termes de comportements concrets et la clarification du contrat et du mandat thérapeutique, qui comprend la définition des objectifs et des axes de travail.
L’utilisation du modèle circulaire des relations interpersonnelles par le psychothérapeute (selon l’approche de Palo Alto) est un outil précieux. Il consiste à mettre en exergue le jeu qui paralyse les partenaires. On passe alors d’une logique linéaire, causaliste faite d’accusations réciproques à une autre définition du problème qui elle sera commune aux deux partenaires avec pour conséquence une prise de conscience qu’ils sont tous deux prisonniers d’un jeu circulaire qu’aucun des deux ne maîtrise.
Après ces deux premières séances conjointes, le thérapeute peut proposer de voir individuellement chacun des partenaires en alternance puis un temps ensemble ou de poursuivre avec des séances conjointes uniquement fonction du ou des objectifs définis ensemble
Quel sont les objectifs et les résultats attendus d’une thérapie de couple ?
Le thérapeute va donc redéfinir le problème en termes interactionnels et définir un objectif commun ou des objectifs distincts avec les deux partenaires. Son intervention va consister à modifier la dynamique du couple en introduisant des tâches spécifiques, par exemple, afin d’induire un changement relationnel jugé significatif par les deux personnes…. ce qui aura pour but de rompre le cercle vicieux à la source des tensions dans le couple.
La position du thérapeute systémique se doit d’être neutre et ne prend pas position pour l’un ou l’autre des partenaires et pragmatique en proposant des objectifs atteignables et concrets. La finalité d’un tel accompagnement est que les deux personnes retrouvent un équilibre satisfaisant à l’intérieur et/ou en dehors du couple.
Enfin il est toujours pertinent au cours de la thérapie de couple d’évaluer les bénéfices sur les « symptômes » de l’entourage familial (enfants) si applicable. On parle alors de thérapie systémique familiale.
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